LES OUTRE-MER SONT-ILS BIEN INTÉGRÉS À LEURS ESPACES RÉGIONAUX ?

Publié le 13/11/2020

Deux députées ont appelé début novembre, dans un rapport, à renforcer la coopération régionale des Outre-mer dans leur environnement. Quel est le niveau d’intégration des territoires ultramarins ? Quels en sont les risques et les atouts ? Explications.

 

 

DIFFÉRENCES DE DÉVELOPPEMENT ET CONCURRENCE, LES ULTRAMARINS EXPOSÉS À DES RISQUES RÉGIONAUX

Les différences de normes et de développement représentent un défi pour les échanges, y compris en outre-mer. La situation dans l’océan Indien le démontre, alors que La Réunion affiche un PIB par habitant près de 50 fois supérieur à celui de son voisin, Madagascar. La question des échanges économiques se pose avec d’autant plus d’acuité qu’en leur qualité de régions européennes, les Ultramarins commercialisent des produits affichant des normes souvent bien différentes de celles des pays leur entourant.

Dans ce contexte, les organisations régionales constituent un précieux instrument. Si la France peut y adhérer, les départements ultramarins peuvent également en leur nom, sous certaines conditions, signer des accords multilatéraux ou bilatéraux. La Guyane a ainsi développé des commissions mixtes avec le Suriname, le Brésil ou le Guyana. La Martinique et la Guadeloupe ont pour leur part adhéré à l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO) dont l’objectif est la coopération dans les domaines du commerce, du transport ou encore du tourisme durable. Une adhésion qui permet d’envisager sereinement les relations commerciales.

 

QUAND LA COOPÉRATION RÉGIONALE REPRÉSENTE UN ATOUT ÉCONOMIQUE

Les territoires ultramarins ont en effet des avantages à tirer d’un commerce régional. Le Sénat faisait le constat fin 2019 d’une « sous-utilisation par les collectivités ultramarines de leurs capacités d'action en matière internationale ». L’économie française, l’appartenance à l’Union européenne ou encore leurs ressources naturelles et leur climat sont autant d’atouts pour les économies ultramarines. L’adhésion de la France à la Commission de l’océan Indien (OCI) dès 1986 participe de cette dynamique. Les députées Annie Chapelier et Bérengère Pelotti, co-rapporteures d’une mission d'information sur l'environnement international des Outre-mer, appellent à intensifier cette intégration dans la Caraïbe, moins développée selon elles que celle de l’océan Indien.

Les économies d’outre-mer l’ont bien compris, et mettent déjà en valeur leurs ressources. Une coopération régionale renforcée bénéficie en effet à la fois à la collectivité et à ses habitants. Le tourisme antillais a ainsi cherché à se diversifier ces dernières années dans une logique de développement. Alors que la quasi-totalité des touristes étaient Français il y a dix ans, la Martinique et la Guadeloupe se sont davantage ouvertes aux Nord-américains, des touristes au pouvoir d’achat élevé. Dans l’océan Pacifique, la Nouvelle-Calédonie tire parti de ses ressources en nickel et se positionne déjà comme un acteur pour la production de batteries de voitures électriques

 

DIPLOMATIE FRANÇAISE : UNE INFLUENCE DIRECTE SUR LES ÉCONOMIES DES OUTRE-MER

Les dispositifs de coopération régionale permettent de renforcer la présence française à travers le monde. Un objectif à double tranchant pour les territoires ultramarins. Si le rôle de la France sur la scène internationale est un facteur d’attractivité, les tensions diplomatiques telles qu’observées après l’affaire du Rainbow Warrior avec la Nouvelle-Zélande en 1985 exposent particulièrement les Outre-mer. À l’inverse, ces territoires se révèlent stratégiques, par exemple lorsque des accords de libre-échange sont discutés entre l’Union européenne et l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.

L’influence française est surtout génératrice de débouchés pour les économies ultramarines. La Nouvelle-Calédonie est l’un des territoires qui a le plus à y gagner : entre influence océanique et asiatique, l’économie du nickel est au centre des attentions. Une situation qui participe à son autonomisation, une question centrale de son développement. La coopération va en effet plus loin que l’économie : la ministre des Affaires étrangères australienne a récemment rappelé à Sébastien Lecornu l’importance que représente l’accord sanitaire FRANZ, entre la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, en pleine pandémie de coronavirus.

 

Une coopération régionale aboutie bénéficie donc aussi bien à la France dans sa globalité qu’aux territoires ultramarins dans leur échanges à la fois culturels et économiques avec leurs voisins respectifs. 

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