EMPLOI EN OUTRE-MER : COMMENT RÉPONDRE AUX DÉFIS QUI SE POSENT ?

Publié le 24/11/2020

Accès à l'emploi et à la formation sont des piliers du développement économique des Outre-mer. Avec des économies diversifiées et une dépendance à l'emploi public, chaque territoire affronte ses propres défis. Décryptage.

 

 

 

LA DÉPENDANCE AUX EMPLOIS PUBLICS

30 % : c'est le poids que l'emploi public atteint dans certaines zones. Dans le nord de la Martinique, sa part est jusqu'à « quatre fois supérieure » à celle de la France, note l'INSEE. La Guadeloupe compte trois zones d'emploi où près d'un tiers des emplois relèvent de l'administration publique. L'Ouest-guyanais ne déroge pas à la règle, de même que le territoire des Savanes, où les fonctions de recherche sont surreprésentées du fait de l'implantation du centre spatial.

Le recrutement est un outil efficace pour les pouvoirs publics. Outre l’amélioration de l’action publique grâce à une présence au plus près des réalités locales, l’embauche dans les collectivités et les préfectures occasionne un effet levier. Les autorités espèrent un impact sur l’économie entière, qui bénéficie par un effet d'entraînement d'une amélioration du taux d'emploi et d'une augmentation du niveau de vie des travailleurs. Un recul de l'emploi public représenterait une menace structurelle pour les économies ultramarines.

 

AGRICULTURE, TOURISME, BTP : DES ÉCONOMIES SPÉCIALISÉES

L'agriculture et le tourisme constituent des zones d'activité essentielles. C'est vrai aux Antilles, où chaque région est spécialisée. L'agriculture, portée par la canne à sucre et la banane, est particulièrement présente dans le nord de la Martinique, l'est de la Guadeloupe et à Marie-Galante. Le sud de la Martinique est pour sa part une région touristique alors que le centre guadeloupéen, la région Pointoise, concentre les métiers de gestion, de la banque et de l'assurance.

La Guyane et la Guadeloupe sont les territoires les plus dynamiques. Ils affichaient en 2018 la croissance du nombre d'emploi la plus importante. Dans l'Ouest-guyanais, 20 % des emplois concernent en effet des métiers liés aux bâtiments et travaux publics (BTP), contre 6 % en France. Dans un territoire où augmentation de la population et manque d'équipements se conjuguent, la demande en main d'œuvre est forte et génératrice d'activité.

 

LA FORMATION DES NATIFS PORTE SES FRUITS

La Réunion, qui affiche une économie moins différenciée qu'aux Antilles, s'illustre par l'augmentation de ses cadres natifs. En 25 ans, leur nombre a quadruplé (3 700 en 1990 contre 14 500 en 2016). C’est une amélioration bienvenue pour La Réunion, jusqu’alors en retrait sur le sujet par rapport aux Antilles. L'évolution de l'économie réunionnaise nécessite en effet une main d'œuvre qualifiée, permettant aux Réunionnais, mieux formés, d'envisager des débouchés dans leur région de naissance.

La formation est un pilier des politiques d'emploi ultramarines. Un enjeu de taille pour la Guyane, dont la population jeune et en âge d'être scolarisée augmente fortement. L'emploi dans le monde éducatif y est par conséquent important. La formation est au cœur des politiques d'aide à l'emploi, à l’image des anciens « emplois aidés » devenu « parcours emploi compétences ». La ministre du Travail, Élisabeth Borne, a assuré à la députée de La Réunion une « augmentation substantielle » de ces contrats en 2021. 

 

VISER LE "ZÉRO CHÔMEUR LONGUE DURÉE" ?

La précarité a augmenté avec la crise. L’économie informelle qui concerne de nombreux habitants a été bouleversée, entraînant une diminution de leur niveau de vie. Pour preuve, la Guadeloupe enregistre plus de 1 000 nouvelles demandes de RSA chaque mois depuis début avril. La Réunion a lancé fin juillet le dispositif expérimental « R+ » pour répondre à cette situation. L'objectif ? Accompagner des bénéficiaires du RSA vers un emploi durable.

D'autres dispositifs de lutte contre le chômage sont mis en place. L'adoption définitive de la proposition de loi visant à étendre l'expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée », mise en place en 2016, devrait intervenir d'ici la fin du mois de novembre 2020. Le texte permettra d'entrer dans une deuxième phase expérimentale et concerna des territoires de La Réunion et de Martinique. Après promulgation, le Gouvernement aura six mois pour remettre au Parlement un rapport détaillant les spécificités du développement de ce dispositif en outre-mer. 

 

Un rendez-vous à suivre pour mesurer l'impact de cette expérimentation.

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