VIE EN OUTRE-MER : QU’EST-CE QUE LE « BOUCLIER QUALITÉ-PRIX » ?

Publié le 05/08/2020

 

Face à la cherté de la vie en outre-mer, un dispositif existe depuis 2013. Le bouclier qualité-prix permet de contrôler les prix d’un certain nombre de produits grâce à la concertation des acteurs du secteur.

 

NIVEAU DE VIE PLUS FAIBLE EN OUTRE-MER

« Les habitants des DOM ont globalement un niveau de vie plus faible qu’en métropole ». C’est le constat dressé par l’INSEE début juillet, portant sur des données de 2017, ajoutant également que « les inégalités [y] sont plus marquées ». L’institut de statistique relevait un niveau de vie médian mensuel par personne de 1 700 € en métropole contre 1 360 € en Martinique, 1 160 € à La Réunion et seulement 920 € en Guyane. Des différences substantielles auxquelles s’ajoute un second handicap.

Les prix à la consommation sont en moyenne plus élevés en outre-mer. L’Autorité de la concurrence soulignait pour sa part un écart moyen de prix avec la métropole de 12 % en 2019. Sur les seuls produits alimentaires, cette donnée atteint 28 % en Guyane et 38 % en Martinique, signe de disparités entre les territoires ultramarins eux-mêmes. Face à cette situation, d’aucuns envisagent la suppression de l’octroi de mer comme une solution à ces hauts niveaux de prix. Pourtant, d’autres mesures telles que le bouclier qualité-prix, existent.

 

UN PANIER DE PRODUITS À PRIX MODÉRÉS

Ce dispositif vise à contrôler la cherté de la vie en outre-mer sur un certain nombre de produits. Afin de préserver le pouvoir d’achat local, un panier spécifique est défini dans chaque territoire, parfois accompagné de paniers complémentaires. En Guyane, trois sous paniers consacrés à l’alimentation, à l’hygiène et à la petite enfance ont ainsi été déterminés cette année. Les produits concernés sont connus des consommateurs : une liste est affichée à l’entrée des magasins et une signalétique est censée les référencer en rayons. À La Réunion, le mécanisme a permis une diminution globale de 12 % du prix des produits « BQP ». Un niveau auquel veille le préfet et les observatoires des prix locaux.

Le bouclier qualité-prix permet aussi de répondre à des exigences de production locale et de santé publique. En 2020, le panier guadeloupéen a ainsi évolué pour faire une plus grande place aux fruits et légumes et réduire la part des produits gras et sucrés afin de répondre à des enjeux sanitaires. Durant la période de confinement due à l’épidémie de Covid-19, une stabilité générale des prix a été constatée à La Réunion. Pour autant, le mécanisme pourrait permettre de favoriser la production locale et de répondre aux appels de relocalisation intervenus au cours de l’épidémie.

 

NÉGOCIATIONS DU BOUCLIER : UN EXEMPLE DE CONCERTATION

Le panier du bouclier est le résultat de concertations menées chaque année entre l’État et les acteurs locaux. Alors que les spécificités des territoires ultramarins nécessitent généralement des mesures adaptées, la définition du bouclier qualité-prix fait figure d’exemple. C’est après un avis de l’observatoire des prix territorialement compétent que les négociations débutent entre le préfet et les organisations professionnelles concernées. Si les distributeurs étaient auparavant les principaux négociateurs, ils sont désormais rejoints par les entreprises du fret maritime, les transitaires ou encore les importateurs. Les négociations durent un mois et permettent un consensus entre les différents acteurs. Durant l’année, des contrôles sont effectués et des sanctions peuvent s’appliquer.

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