L’ACCÉLÉRATION DE LA STRATÉGIE MARITIME, UN ENJEU ULTRAMARIN
Emmanuel Macron s’est personnellement engagé ces dernières semaines à faire de la stratégie maritime française une priorité. Un engagement que le nouveau gouvernement devra mettre en pratique.
UN ENGAGEMENT PRÉSIDENTIEL
Il ne l’a jamais caché : les enjeux maritimes français sont pour lui stratégiques. Au-delà des discours, depuis trois ans, plusieurs gestes de l’Élysée semblent aller vers une attention marquée pour les aspects économiques, écologiques et diplomatiques que constituent les 11 millions de km2 d’espaces marins français. Une approche dont dépendent directement les territoires ultramarins.
En août dernier, à l’occasion du G7 de Biarritz, le président a expressément demandé au secteur du transport maritime à ce que les vitesses des porte-conteneurs soient réduites afin de diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. Quelques mois plus tard, en décembre 2019, c’est au cours des Assises de la mer qu’il a détaillé sa vision maritime. Une promesse est en ressortie : « le XXIe siècle sera maritime ».
Une trajectoire assumée et amplifiée ces dernières semaines, à commencer par son discours adressé aux Français le 14 juin, affirmant que la relance économique passerait également « par l'accélération de notre stratégie maritime, nous qui sommes la deuxième puissance océanique mondiale ».
EXTENSION MARITIME ACCORDÉE À LA FRANCE
Une affirmation qui intervenait quelques jours seulement après une avancée importante pour la France. Début juin, la Commission des Limites du plateau continental, un organe spécialisé de l’Organisation des Nations Unies (ONU), a rendu des recommandations favorables à la France, qui s’est vue accorder une extension maritime au large de La Réunion et des Terres australes et antarctiques françaises (TAFF).
Un ajout d’une superficie supérieure à un quart de la métropole française, de 150 000 km2. L’exploration et l’exploitation des ressources du sol et du sous-sol marins y seront possibles au-delà des 200 milles que constituent notre Zone économique exclusive (ZEE). Une option qui pourra ou non être saisie par la France, qui devra en revanche veiller à la protection de l’environnement sur cette zone. Si son exploitation « n’est pas à l’ordre du jour », l’extension maritime permet en revanche de se positionner pour protéger ces territoires, à l’avenir.
REMANIEMENT : UN SIGNAL POSITIF POUR L’OUTRE-MER ?
Dernier signe en date d’une accélération de cette stratégie maritime : le remaniement gouvernemental et l’acte II du quinquennat présidentiel. La désormais ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin, prend la tête d’un ministère de la Mer, qui n’avait plus existé depuis 1991. Depuis, seuls des secrétariats d’État avaient eu à gérer les affaires maritimes. Un ministère qui devrait jouer un rôle d’impulsion, incarner un volontarisme politique et surtout permettre de mettre autour de la table de nombreux acteurs.
Qu’en est-il alors de Medetom, le ministère des Outre-mer ? Il est revenu à Sébastien Lecornu, auparavant secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire puis ministre chargé des Collectivités territoriales. Deux casquettes qui lui ont permis de travailler sur les sujets ultramarins, de se rendre dans plusieurs d’entre eux et d’en connaître les détails.
Un nouveau ministre qui a déjà affirmé que l’écologie serait l’un des axes de son action, grâce à l’accélération de la trajectoire outre-mer 5.0. Ministre de la Mer et ministre des Outre-mer devront donc travailler ensemble afin de faire de la stratégie maritime française un véritable enjeu ultramarin dans les mois et années à venir.