AUTOMOBILE VERTE : L’OUTRE-MER A UNE CARTE À JOUER !

Publié le 09/06/2020

Face à la crise, le cours mondial du nickel s’est maintenu. En quoi est-ce une bonne nouvelle pour l’économie des véhicules électriques ? Quel rôle l’outre-mer peut-il jouer dans ce secteur ?  

 

 

LES VÉHICULES ULTRAMARINS SONT-ILS VERTS ?

C’est avec sérénité que les professionnels de l’automobile pourront aborder les mois à venir. La raison : le plan de soutien annoncé par le président de la République au secteur. Jusqu’à 7000 € pour l’achat d’un véhicule électrique par un particulier, 5000 € par une entreprise, bonus de 2000 € pour les véhicules hybrides rechargeables, renforcement de la prime à la casse… Huit milliards d’euros seront dans l’ensemble consacrés au secteur automobile.

En outre-mer, la marge de progression est importante. L’an dernier, la voiture électrique ne représentait que 1 % du marché martiniquais, 2 % du côté réunionnais. L’île de l’océan Indien, qui compte 6 500 emplois relevant du secteur automobile, anticipe déjà une baisse des ventes de l’ordre de 30 % en 2020. Pourtant, l’automobile verte a quelques atouts pour elle, à commencer par son exonération d’octroi de mer.

Ce secteur porteur pourrait représenter 27 % du marché en 2028. Néanmoins, tous les territoires ultramarins n’avancent pas au même rythme, à en juger par la situation dans le Pacifique. En 2019, en Polynésie française, les motorisations électriques et hybrides représentaient 40 % des ventes de véhicules. Une appétence que la Nouvelle-Calédonie anticipe d’ores et déjà.

 

LE NICKEL CALÉDONIEN, UN ATOUT STRATÉGIQUE

Les grandes métropoles font de plus en plus le pari des véhicules électriques. Or, pas d’automobile verte sans batterie, et encore moins sans cobalt et surtout sans nickel, ces éléments chimiques nécessaires à leur production. La récente pandémie a démontré la nécessité pour de nombreux pays de réduire leur dépendance à la Chine, sur fond de guerre commerciale avec les États-Unis.

Les ressources et mines calédoniennes apparaissent dans ce contexte inédit comme stratégiques. Cinquième producteur mondial de nickel, la Nouvelle-Calédonie semble écrire une nouvelle page de cette histoire cette année. Le groupe minier New Century, australien, est pressenti pour racheter au brésilien Vale le gisement Goro et l’usine du Sud. Une opération stratégique qui s’inscrit dans le cadre plus général d’une entente franco-australienne en construction.

En vingt ans, près de 20 milliards d’euros ont été investis en Nouvelle-Calédonie. L’avenir du secteur semble assuré avec la montée en puissance des véhicules électriques. Sa résistance face à la crise a de quoi rassurer : par rapport à d’autres matières premières, les cours du nickel n’ont pas connu d’effondrement ces dernières semaines.

 

UNE PRODUCTION VERTE ET ÉTHIQUE

L’économie du nickel n’est pourtant pas exempte de critiques. L’exigence du consommateur se faisant croissante, les productions les moins éthiques sont les premières à être épinglées. En la matière, la Nouvelle-Calédonie s’en tire à bon compte. Face à son redoutable concurrent indonésien, l’archipel du Pacifique présente une production éthique, issue d’un pays respectant les Droits de l’homme, et surtout davantage protectrice de l’environnement, quand les productions indonésiennes n’hésitent pas à rejeter une partie de leurs déchets dans l’océan. Une politique à l’encontre de celle de La Société du Nickel (SLN), implantée en Nouvelle-Calédonie, qui à travers sa maison mère Eramet condamne les rejets miniers en mer.

À mesure qu’elle gagne en popularité, la voiture électrique perd également de ses lettres de noblesse. Son efficacité environnementale n’est en effet valable que si l’électricité utilisée pour la faire fonctionner est faiblement carbonée, ce qui n’est pas toujours le cas en outre-mer. Des efforts considérables ont cependant été observés ces dernières années et s’inscrivent dans la « trajectoire 5.0 » présentée par la ministre des Outre-mer. Parmi les objectifs affichés, celui du zéro carbone devrait inciter à l’augmentation des énergies renouvelables ultramarines. 

Afin de démocratiser la voiture électrique, le développement des bornes de recharge est indispensable. Depuis 2016, le programme ADVENIR permet de financer leur déploiement. Le plan de relance annoncé par l’Élysée fin mai prévoit son prolongement sur la période 2020-2023 grâce à une enveloppe nationale de 100 millions d’euros devant financer 45 000 nouvelles bornes. De quoi permettre aux routes ultramarines de progressivement se verdir…

 

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